Laissez faire
Comme courant de pensée économique, l'expression a circulé au xviiie siècle pour obtenir du pouvoir monarchique la disparition des obstacles à la création de nouvelles entreprises (suppression des privilèges exclusifs accordés à des compagnies monopolistiques, à des villes portuaires, à des corporations de manufacturiers), mais aussi levée des interdits faits aux nobles et au clergé régulier de s'adonner aux activités productrices marchandes. Vincent de Gournay, qui avait demandé, en 1752, à Trudaine de libérer le commerce du blé entre les provinces et qui s'inquiète de la contrebande, complète la formule en « laisser faire, laisser passer » (à l'infinitif). Après sa mort en 1759, elle a été reprise comme un système par les physiocrates doctrinaires (à l'impératif).
On trouve la recommandation « on laisse faire la nature » chez Boisguilbert dans sa Dissertation de 1707. « Laissez-nous faire » est la réponse du marchand Legendre à Colbert qui lui demandait « que peut-on faire pour vous aider? » (rapportée par Turgot). La maxime « laissez faire » apparaît chez le Marquis d'Argenson en 1751, et « laissez faire, laissez passer » est attribué par Turgot à Vincent de Gournay en 1759, dans son Éloge funèbre. Dans tous les cas, c'est une injonction au pouvoir de ne pas intervenir dans l'économie.
Dans la philosophie chinoise, le laisser faire est un principe que l'on retrouve dans le Dao De Jing et au cœur du taoisme ou du confucianisme. On le retrouve également dans les mises en pratique dans des arts martiaux comme le tai-chi ou dans le zen, où ce laisser faire consiste entre autres à relâcher le contrôle rigide de soi pour laisser parler le corps. C'est une forme de maintien énergique des équilibres qu'il ne faut pas confondre