La nouvelle question scolaire Les bénéfices de la démocratisation Eric MAURIN
Introduction Idée de plus en plus consensuelle selon laquelle il serait temps d'interrompre le processus de démocratisation. Idée portée par deux tendances : élitisme (inégalités naturelles en terme d'aptitudes) et malthusianisme (l'offre d'insertion professionnelle ne parvient plus à satisfaire la demande). Face à ce bilan aussi sommaire qu'accusateur, il est temps de repenser en profondeur ce que furent les objectifs et les conséquences réelles de ces politiques de démocratisation scolaire menées tout au long de la deuxième moitié du XX ème siècle. Pour cela l'auteur s'appuie sur le renouveau de l'économie empirique qui traque, dans les ruptures et les discontinuités de l'histoire institutionnelle et économique des sociétés, les traces des lois fondamentales qui les régissent. Tant au regard de l'histoire qu'à celui des tensions actuelles du marché du travail, il semble aujourd'hui nécessaire de franchir un nouveau cap : celui de la démocratisation de l'enseignement supérieur. I- L'âge du collège unique Les pays où l'on observe le plus fort accroissement de la dispersion des résultats aux tests de mathématiques et de lecture entre 11 et 15 ans sont ceux qui sélectionnent le plus tôt leurs élèves. Les pays où les inégalités s'accroissent le plus à l'adolescence sont également ceux dont l'enseignement secondaire est le plus sélectif (et inversement). S'agissant du niveau général des élèves, le diagnostic reste favorable aux pays qui ont adopté le collège unique. Mais, dans ces comparaisons internationales, il est important de prendre en compte le degré d'homogénéité des sociétés dans lesquelles ont pris place les réformes de l'école unique. La réforme comme expérience sociale : le cas des pays scandinaves Premières politiques de démocratisation scolaire de l'après-guerre qui ont généré des bénéfices manifestes et indiscutables et ont contribué à desserrer les inégalités de destin.