Lara
Caractériser le registre principal de l'extrait?
Chateaubriand nous décrit d’abord des lieux qui sortent de leur apparente banalité. Il s’ancre d’autant mieux dans la réalité qu’il veut ensuite nous faire remarquer l’accumulation de signes extraordinaires. Si la maison qui l’a vu naître est devenue ensuite une auberge, elle est située dans un endroit solitaire et effrayant, une « rue sombre et étroite » côté ville, et dominant « une partie déserte des murs de la ville » côté mer. Elle est située « rue des Juifs », mais aussi celle de son curieux destin de réprouvé pour avoir été déicide.
Fermée et isolée du côté de la ville, elle est ouverte sur la mer « qui s’étend à perte de vue », comme un appel vers l’infini. Silencieuse et endormie du côté de la ville, elle est agitée par la mer « se brisant sur des écueils » qui rappelle le destin tragique du marin dans le naufrage.
Ainsi, par touches successives : la solitude, l’obscurité, et le fracas des vagues, Chateaubriand nous introduit dans l’univers de la mort, monde a priori antinomique de celui de la naissance.
Cette évocation funèbre est confirmée par l’antithèse « j’étais presque mort quand je vins au jour ». Il reçoit le prénom d’un frère « infortuné », trop tôt disparu. Ainsi Chateaubriand est un quasi miraculé.
D’autres éléments confirment ce rappel d’une naissance extraordinaire : si son parrain a été son frère - c’est un autre apport funèbre -, sa marraine est la « comtesse de Plouët, fille du maréchal de Contades ». Là il s’agit de l’apport de célébrité. Chateaubriand naît un soir de tempête, dans la fureur et le bruit, quand les « mugissements » couvrent les vagissements du nouveau-né, à l’époque de l’équinoxe, période où la nuit va prendre le pas sur le jour, image de la mort qui va l’emporter sur la vie.
Ces détails extraordinaires et dramatiques ont marqué l’imagination de l’auteur au sceau de