Laurent gaudé, la réécriture
Résumé :
Auteur français de l’extrême contemporain, Laurent Gaudé est à l’origine d’une œuvre caractérisée par sa grande hétérogénéité. La mise en réseaux intratextuelle de ses textes démontre l’existence d’un travail de réécriture interne dont l’étude permet de pénétrer au cœur de son processus créatif auctorial. La récurrence de motifs, et plus particulièrement le retour de personnages, met en exergue deux pratiques intratextuelles participant à l’unité de son œuvre. En effet, alors que …afficher plus de contenu…
Le personnage se fait à la fois le même et un Autre. En effet, Cris est le roman de la peur, du baptême du feu, de la révolte face aux dictats de la guerre. Dans ce texte, les soldats perdent leur humanité. Ripoll tue pour la première fois et dans la grande mêlée finale, il pensera : « Je n’ai plus vu personne. Corps à corps pour la vie. J’étais une bête et je ne me souviens plus. J’étais une bête et je n’oublierai jamais10 ». Le parallélisme antithétique traduit la force du trauma subi. Ripoll devient donc une bête, avatar de la machine de guerre qu’il sera plus tard dans les tranchées et en Afrique. Le colonel Barbaque conserve l’âme de guerrier de Ripoll et sa révolte, mais contre l’autorité coloniale française cette fois qui …afficher plus de contenu…
En effet, après que ses sujets aient rendu un dernier hommage à leur souverain mourant, ses proches le laissent seul pour que puisse avoir lieu une confrontation entre Alexandre et la mort :
Il est temps de laisser la mort entrer : qu'elle le soupèse, l'examine et voie si elle veut de lui ou pas.
C'est ce que veut la tradition. Il faut la laisser s'approcher pour qu'elle le contemple, le lèche, le renifle en 11 Laurent Gaudé, Pour seul cortège, Arles, Actes Sud, 2012, p. 66. 7 espérant peut-être qu'il ait encore la force de la chasser du pied ou, pourquoi pas, de lui faire peur?... Plus personne ne doit entrer. Alexandre et la mort vont rester face à face pour se