L'autre, andré chédid
I. Une forme renouvelée de l’introspection : la mise à distanceL’auteure introduit son poème par cette fameuse mise à distance du sujet induite par la citation très célèbre de Rimbaud « Je est un autre ». Le paradoxe même de cette quête de soi est mise en avant dans les trois premiers vers du poème puisqu’elle parle à la fois d’elle-même avec l’emploi de la première personne du singulier, « Je », anaphore courant tout le long du poème et désignant bien la subjectivité de l’auteure, avec également l’emploi du pronom complément dans « m’écrire », mais elle se désigne aussi comment étant à la recherche de « l’Autre », la majuscule ici étant signifiante puisqu’elle permet de donner une identité propre …afficher plus de contenu…
À travers l’écriture de soi, l’auteure va explorer le « regard », véritable miroir de l’âme dans la tradition littéraire. D’autant que c’est avec ce regard que les lecteurs vont eux-mêmes lire la poésie et explorer les « nuits », possiblement mystérieuses du poète, comme les leurs. Andrée Chédid opère déjà une certaine symbiose entre ses différentes identités, puisqu’en dépistant et en dénudant un ciel « sans réponse et sans voix », elle-même, en tant que poète, vise l’intangible et l’indicible par l’emploi de cette métaphore et personnification : « dénude un ciel » au vers 14. Le ciel, étant par essence infini et immatériel, est impossible à mettre à nu. Il est même plus que cela, puisqu’il est « sans réponse et sans voix », la répétition de la préposition privative « sans » accentuant l’impossible compréhension de ce ciel