Le bataillon des guitaristes
"Que de chemin parcouru; jalonné déjà de tant de ces petites croix blanches qui chacune représente pour nous un camarade ou un parent. Quand se terminera donc cette effroyable boucherie ? Et combien en reviendront ? Il vaut mieux ne pas y penser" Roger Ludeau, Italie, mai 1944, "Les Carnets de route d'un combattant".
Ce documentaire de 70 minutes réalisé par Eric Beauducel revient sur ces soldats qui, le temps d’une guerre, sous des latitudes inconnues et au service d’une patrie lointaine, ont fait le sacrifice de leur vie.Tourné en Polynésie, en Nouvelle-Calédonie et en Métropole, ce film mêle images d’archives, analyses d’historiens et témoignages d’anciens soldats. Ces anciens "pacifiens", ces survivants dont les témoignages restent uniques dans leur sobriété, leur humour et leur générosité. Beaucoup d’entre eux ont raconté leur aventure pour la première fois, "pour qu’il reste une trace", pour que cette mémoire commune ne s’efface pas car des trois cents survivants il ne reste aujourd’hui qu’une poignée de guitaristes. Tout commence à l’annonce de la défaite française face à l’Allemagne et de la signature de l’Armistice en 1940, c’est la consternation dans les îles françaises du Pacifique. Les Kanaks de Nouvelle-Calédonie, engagés volontaires dès la première Guerre mondiale, n’acceptent pas cette défaite. Pas plus que les chefs Maoris et les Créoles qui prennent l’Armistice comme une douche froide. L’appel du général de Gaulle à l’Océanie trouve suffisamment d’écho pour que naisse l’idée de former une unité nouvelle pour libérer la France. « Tout le monde voulait partir », se souvient un survivant. L’élan patriotique le dispute alors, chez les jeunes gens, à la curiosité de découvrir la France et à une forte envie d’ailleurs. C'est ainsi qu'un jour de mai 1941 sous les ordres du Lieutenant-Colonel Félix Broche, 600 volontaires Calédoniens, Tahitiens et Néo-Hébridais vont former ce que l'on surnommera rapidement " le