Le berger et son troupeau
Recueil : II, parution en 1678.
Livre : IX.
Fable : 19, composée de 31 vers.
« Quoi ? toujours il me manquera Quelqu’un de ce peuple imbécile (1)! Toujours le loup m’en gobera ! J’aurai beau les compter : ils étaient plus de mille,
5 Et m’ont laissé ravir notre pauvre Robin (2) ; Robin mouton qui par la ville Me suivait pour un peu de pain, Et qui m’aurait suivi jusques au bout du monde. Hélas ! de ma musette il entendait le son !
10 Il me sentait venir de cent pas à la ronde. Ah le pauvre Robin mouton ! Quand Guillot (3) eut fini cette oraison funèbre Et rendu de Robin la mémoire célèbre, Il harangua tout le troupeau,
15 Les chefs, la multitude, et jusqu’au moindre agneau, Les conjurant de tenir ferme : Cela seul suffirait pour écarter les Loups. Foi de peuple d’honneur, ils lui promirent tous De ne bouger non plus qu’un terme (4).
20 Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton Qui nous a pris Robin mouton. Chacun en répond sur sa tête. Guillot les crut, et leur fit fête. Cependant, devant qu’il fût nuit,
25 Il arriva nouvel encombre,