Le berger et son troupeau
|1. | Quand vous voyez quelquefois un nombreux troupeau, qui répandu sur une colline |
| |vers le déclin d’un beau jour, paît tranquillement le thym et le serpolet, ou qui broute |
| |dans une prairie une herbe menue et tendre qui a échappé à la faux du moissonneur, le |
| |berger, soigneux et attentif, est debout auprès de ses brebis ; il ne les perd pas de vue, il |
|5. |les suit, il les conduit, il les change de pâturage ; si elles se dispersent, il les rassemble ; |
| |si un loup avide paraît, il lâche son chien, qui le met en fuite ; il les nourrit, il les défend ; |
| |l’aurore le trouve déjà en pleine campagne, d’où il ne se retire qu’avec le soleil : quels |
| |soins[1] ! quelle vigilance ! quelle servitude ! Quelle condition vous paraît la plus déli- |
| |cieuse et la plus libre, ou du berger ou des brebis ? le troupeau est-il fait pour le berger, |
|10. |ou le berger pour le troupeau ? Image naïve des peuples et du prince qui les gouverne, |
| |s’il est bon prince. |
| |Le faste et le luxe dans un souverain, c’est le berger habillé d’or et de pierreries, la |
| |houlette d’or en ses mains ; son chien a un collier d’or, il est attaché avec une laisse d’or |
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