Le boulangisme
Introduction
On a parlé du boulangisme comme d'un véritable "syndicat des mécontents", où se retrouvèrent des républicains autoritaires, des radicaux dégoûtés du parlementarisme et de ses affaires, des nationalistes impatiens de la "revanche" sur l'Allemagne, des bonapartistes et enfin des monarchistes orléanistes qui voyaient dans un coup d'Etat militaire le prélude possible d’une restauration. Dès lors, la multitude et l'hétérogénéité des composants du mouvement boulangiste rendent incertaine la découverte d'une idéologie univoque. De la même façon, l'emploi des expressions "boulangistes de gauche" ou "boulangistes de droite" témoigne de la difficulté de faire émerger une doctrine unique. Il convient cependant de s’intéresser à la signification politique de ce mouvement, à ce qui lui a permis de prendre de l’ampleur et à ce qui l’a mené à sa chute.
Si Boulanger a pu manquer d’entraîner la France vers une dictature, c’est parce qu’il incarnait le chef emblématique et providentiel capable de relever la France. Mais en réalité ce n’est pas le général en lui-même que le peuple acclamait, mais bien l’agrégat de ses aspirations diverses à une forme de renouveau. Boulanger a été l’aimant qui attirait les mécontents. Au final, la brève gloire de cet anti héros, n’a pas réussi à ébranler la République.
I) La recherche d’un chef emblématique
L’aspiration à un pouvoir fort susceptible de redresser la nation est une valeur fortement enracinée dans l’opinion française. Boulanger a su répondre à ce besoin. Il a su incarner l’homme providentiel jugé assez compétent et ambitieux pour faire face à la crise que traversait le Pays. Il est comparable en ce sens aux autres figures de tradition césariste comme Napoléon III, Gambetta Clemenceau, Pétain ou encore le général de Gaulle, à la différence qu’il ne fut qu’un César avorté. Sans doute est-il arrivé dans une démocratie encore trop fragile, trop neuve pour tolérer à nouveau un chef fort.