Le bourgeois gentilhomme, v, 1
V, 1
Pour faire obtenir à Cléonte la main de Lucile, Covielle a imaginé une comédie dans laquelle Cléonte, en fils du Grand Turc, demande en mariage la fille de monsieur Jourdain. Pour avoir un beau-père digne de lui, il fait monsieur Jourdain Mamamouchi. Quand sa femme le retrouve, juste après la cérémonie, il est vêtu à la turque, coiffé d'un turban et tient un sabre. Dans cette scène 1 de l'acte V, comme dans la scène 2 de l'acte III, madame Jourdain porte le regard du réel sur son mari, qu'elle ne peut ramener à la raison.
I. Un dialogue de sourds.
a. Madame Jourdain, une femme de bon sens.
• Au début de cette scène, les répliques de madame Jourdain sont constituées de phrases interrogatives. Au nombre de 16, ces interrogations montrent le fossé qui s'est creusé entre elle et son mari. Elle ne comprend ni la raison de ses habits (« Qui vous a fagoté comme cela ? »), ni le sens des mots qu'il emploie (« Que voulez-vous dire avec votre Mamamouchi ? »). « Qu'est-ce à dire cela ? », « Que voulez-vous dire ? » : autant de formules qui montrent sa perplexité. On pourrait en relever beaucoup d'autres voisines par le sens. Cette avalanche de questions, suivies de réponses généralement courtes, donne un rythme extrêmement rapide au dialogue entre les époux.
En somme, madame Jourdain apparaît dans cette scène comme une femme raisonnable qui ne comprend plus les extravagances de son mari. Elle le presse de questions et les réponses apportées par celui-ci ne l'éclairent en rien ; au contraire, ces réponses contiennent une nouvelle obscurité, qui entraîne une nouvelle question. Cet enchaînement des répliques est source de comique en lui-même.
b. M. Jourdain, emporté par ses rêves de grandeur.
• Dans cette scène, monsieur Jourdain vit tellement dans son illusion qu'il est incapable de dialoguer avec sa femme.
• Dans un premier temps, il ne cesse de répéter le même mot Mamamouchi (5 fois en 4