Le brasier - apollinaire
Commentaire Le Brasier
Cette suite de trois poèmes fut publiée pour la première fois dans “Gil Blas” du 4 mai 1908. Elle fut d’abord intitulée “Le pyrée" (nom de l'autel du feu, chez les Perses), puis "Le brasier" dans la version définitive. Elle est dominée par l’image centrale de la flamme qui était d’une importance capitale dans la poétique d’Apollinaire et qui se trouva dans nombre de ses textes de 1908 (le poème “Les fiançailles”, le premier chapitre de “Sur la peinture”). Le sujet se consume dans l’espace cosmique pour renaître en paroles étoiles.
Le poème, très difficile, est, avant tout, un art poétique où Apollinaire manifestait sa volonté d’un lyrisme neuf qui serait issu de la poésie pure de Mallarmé et du réalisme mystique de Rimbaud, et qui exprimerait de la façon la plus juste l’esprit du XXe siècle.
Dans le premier poème, le plus classique dans sa structure (cinq quintils d'octosyllabes rimés), le poète montre qu’il ne peut devenir poète qu’en brûlant son passé individuel et sentimental pour arriver à un «moi» purifié.
Dans la première strophe, le narrateur (le poète) indique qu’il porte en lui-même le feu où il jette son passé. C’est un «noble feu» dont la noblesse est due à sa fonction purificatrice. Il est l’objet d’une adoration mystique car c’est un dieu qui permet la divinisation de soi-même et de la poésie. Un jeu de mots s’opère sur le sens de «feu» qui, au vers 1, est le feu concret, au vers 3, l'ardeur, et pourrait être aussi la mort, l'absence de ponctuation permettant de lire «feu ce Passé». Le poète renie le passé, le rejette entièrement et définitivement, amorce d'un changement chez lui qui ne pouvait parvenir à se débarrasser de ses souvenirs, en particulier, au vers 3, celui des «vives mains» qui symbolisent les femmes autrefois