Le calcul des plaisirs
Et c’est pourquoi nous disons que le plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse. Car c’est lui que nous avons reconnu comme le bien premier et connaturel , c’est en lui que nous trouvons le principe de tout choix et de tout refus, et c’est à lui que nous aboutissons en jugeant tout bien d’après l’affection comme critère. Et parce que c’est là le bien premier et connaturel , pour cette raison aussi nous ne choisissons pas tout plaisir, mais il y a des cas où nous passons par-dessus de nombreux plaisirs, lorsqu’il en découle pour nous un désagrément plus grand ; et nous regardons beaucoup de douleurs comme valant mieux que des plaisirs quand, pour nous, un plaisir plus grand suit, pour avoir souffert longtemps. Tout plaisir donc, du fait qu’il a une nature appropriée à la nôtre, est un bien : tout plaisir, cependant, ne doit pas être choisi ; de même aussi toute douleur est un mal, mais toute douleur n’est pas telle qu’elle doive toujours être évitée. Cependant, c’est par la comparaison et l’examen des avantages et des désavantages qu’il convient de juger de tout cela. Car nous en usons, en certaines circonstances, avec le bien comme s’il était un mal, et avec le mal, comme s’il était un bien.
Epicure, Lettre à Ménécée. PUF, 1987, 8ème édition « épiméthée », novembre 2009.
PRESENTATION DE LA SEANCE
Rappel de la dernière séance sur les quatre conditions du bonheur:
Ce texte est un extrait de la Lettre à Ménécée, écrite par Epicure au 3ème siècle avant JC. Dans cette lettre, Epicure présente les quatre conditions du bonheur, à savoir l’absence de crainte des dieux, l’absence de crainte de la mort, la régulation des désirs par la prudence et enfin la capacité d’endurer la douleur. Mais Epicure termine la lettre avec la condition suprême du bonheur : la liberté. Dans les séances précédentes, nous avons déjà expliqué certaines parties de la lettre comme la nécessité de philosopher, qu’on soit jeune ou vieux, nous avons