Le capitalisme a-t-il changé de nature depuis la fin du xixe siècle?
Introduction
Le capitalisme s’est progressivement développé depuis cinq cents ans. Les sociétés pré‐ industrielles, avant tout dominées par l’autoproduction, comprenaient néanmoins des « poches de capitalisme » (expression de F. Braudel). Ses premières formes ont été marchandes et ont connu un certain essor depuis la Renaissance. A compter du XVIème siècle, la révolution agricole anglaise est allée de pair avec l’affirmation d’un capitalisme agraire lié à la définition de « droits de propriété » dont D. North a souligné toute l’importance. L’activité manufacturière a connu dans les mêmes temps une longue mutation passant du domestic system au putting out system, au sweating system, et enfin au factory system1. C’est avec la révolution industrielle que l’entreprise, ce « microcosme du capitalisme » (F. Perroux), s’est imposée comme structure productive pérenne et centrale, mobilisant capitaux, machines et salariés, et tendue vers la recherche du profit. Avec elle s’est affirmé le mode de production capitaliste comme système dominant. Cette grande transformation a alors fait basculer les sociétés occidentales dans la logique univoque de l’ordre marchand. Le capitalisme a réellement 200 ans d’âge aujourd’hui. Il s’est imposé comme une économie‐ monde, étendant sa logique à la fin du XXème siècle aux pays anciennement socialistes. Ses formes ont toutefois très certainement évolué à travers le temps et les espaces qu’il a conquis. Traversant l’histoire, la géographie et les cultures, ce système d’organisation économique et social aurai‐il changé de nature, ou au moins pris des formes originales et nouvelles depuis son avènement dans l’Occident au XIXème siècle ? Répondre à cette question impose de définir préalablement les grands contours structuraux de ce système. Selon les définitions généralement admises, celui‐ci a