Le cens caché / gaxie
Introduction
Le livre de Daniel Gaxie remet en question la légitimité du système démocratique et de son corollaire, le suffrage universel. Pour lui, le système actuel a, en pratique, beaucoup de points communs avec le système censitaire qui existait dans le passé.
En 1991 : 15% des personnes de plus de 15 ans lisent régulièrement un quotidien national, plus de la moitié des Français qui disposent d’un récepteur de télévision ne regardent jamais ou que très rarement les émissions traitant de près ou de loin la politique.
La réflexion menée dans Le cens caché débute par l’exposé de l’analyse qui prédomine dans le champ politique, postulant que tous les citoyens sont attentifs aux évènements politiques et compétents pour se prononcer sur les enjeux politiques.
Partant du constat que de nombreuses enquêtes sociologiques ont montré que l’intérêt pour la politique est loin d’être universellement partagé et qu’il est inégalement distribué selon les classes sociales, les classes supérieures dans la hiérarchie sociale étant les plus politisées, Daniel Gaxie remet en cause cette analyse relevant du sens commun.
L’auteur s’oppose donc à la théorie démocratique, en conduisant une enquête sociologique sur la politisation non pas dans l’optique d’un intérêt et d’une compétence universelle pour la politique, mais selon la thèse que la politisation est soumise à des conditions sociales déterminées.
L’analyse empirique est conduite selon la problématique suivante :
Quel est le degré réel d’attention accordé par les agents sociaux aux évènements politiques ?
Quels sont les facteurs qui favorisent la politisation ainsi définie ?
Quelles conséquences produit cette inégale politisation ? L’analyse secondaire de données issues de sondages permet à l’auteur de définir les variables sociales qui déterminent les inégalités de politisation et de les expliquer. Nous allons donc nous demander comment l’auteur est parvenu à rompre avec le sens