Le changement de la philosophie voltairiene
Comme jeune homme, Voltaire a écrit selon le goût classique et il méprisait toute forme d’éloignement des « voies traditionnelles de la fiction noble, épurée, magnifiée sous une forme tragique ou épique… »[1]. Même, il a attaqué le genre romanesque et toutes sortes d’invraisemblances. Son opinion sur la fable n’a pas été changée beaucoup en quarante ans ; mais peu à peu, il a changé d’angle sous lequel il a considéré ce genre méprisé. Il a été obligé de s’apercevoir que ces types d’œuvre littéraire bien dédaignés attiraient beaucoup plus l’attention du public que les récits philosophiques comme par exemple ceux de Locke ou de Newton ; même si la sagesse et l’essentiel de la vie se cachaient dans leurs œuvres.[2] « Divisez le genre humain en vingt parts. Il y en a dix-neuf composées de ceux qui travaillent de leurs mains et qui ne sauront jamais s’il a eu un Locke au monde ; dans la partie qui reste, combien trouve-t-on peu d’hommes qui lisent, et parmi ceux qui lisent, il en a vingt qui lisent des romans contre un qui étudie la philosophie : le nombre de ceux qui pensent est excessivement petit… »[3] Comme en général les hommes de lettres du Siècle des Lumières, Voltaire trouvait absolument indispensable que son ouvrage fût une sorte de miroir de ses pensées philosophiques. Dans l’épître dédicatoire de Zadig à la sultane Sheraa « Sadi-Voltaire » affirme que cet « ouvrage… dit plus qu’il ne semble dire »[4]. De telle manière, à l’aide de ses contes on peut se faire une idée tout à fait claire de la philosophie voltairienne. Pour pouvoir présenter les changements de sa philosophie nous avons choisi Micromégas, Zadig et Candide. Notre choix s’est porté sur ces contes parce que Micromégas a été écrit dans les années trente, Zadig à la fin des années quarante et Candide a été écrit une dizaine d’années plus tard que Zadig. Ainsi ces trois œuvres comportent en soi-même les événements de ces années-là à cause desquels l’optimisme de