Le choc des civilisations - samuel huntington
I) LE RETOUR DES NATIONS
A) La Communauté De Culture
Huntington isole neuf civilisations, sans dissimuler que cette classification est en partie purement conventionnelle
- occidentale (Europe latino-germanique, Pologne, Pays baltes, Océanie et Amérique anglophone)
- latino-américaine (Amérique du Sud et Centrale),
- islamique (Maghreb, Somalie, Proche et Moyen-Orient, Indonésie),
- hindoue (Inde),
- africaine (Afrique subsaharienne),
- chinoise (Chine hors Tibet, Vietnam, Philippines),
- bouddhiste (Mongolie, Tibet, Thaïlande, Cambodge),
- orthodoxe (Russie et Europe slavo-orthodoxe),
- japonaise (Japon).
Ces civilisations, nous dit-il, vont se partager un monde désoccidentalisé. Le recul de l’Occident sera en effet l’évènement majeur du début du XXI° siècle. De ce fait, le grand facteur de déstabilisation sera la montée en puissance des blocs civilisationnels non-occidentaux, et, affirme Huntington de manière péremptoire (trop péremptoire ?), le conflit principal du siècle à venir n’opposera pas des classes sociales entre elles, mais bien des civilisations concurrentes. Il n’est pas interdit de voir là la proposition d’une stratégie de classe remplaçant le « rêve mondialiste » de Fukuyama par un « cauchemar civilisationnel » huntingtonien. Là où Fukuyama propose à l’hyperclasse capitaliste un monde unifié sous sa direction, Huntington suggère que le conflit civilisationnel préempte les tensions, pour rendre secondaire les oppositions de classe. Cette stratégie de préemption du conflit, dit-il en substance, est plus réaliste que l’hypothèse d’une mondialisation intégrale et immédiate du pouvoir dans toutes ses acceptions. Elle permet d’utiliser le « paradigme du chaos », qui, dit-il, rend bien compte de la réalité du monde à venir, même si d’autres paradigmes (Etats-nations, gouvernement mondial unifié, opposition pays riches/pays pauvres) doivent aussi être pris en