Le clocher
-Alors docteur Zide ? dis je.
-Tout va bien, la batterie de test post-natale est presque terminée, il me reste à tester son ouïe et sa vue.
Le médecin pris un casque de la taille d’une demi noix de coco.
Il le posa sur la tête de ma fille, Mélissa tressailli a son contact. Il se tourna vers sa machine puis vers l’enfant et fronça les sourcils. Il réessaya mais l’enfant restait endormie, sans réaction. Une boule se serrait dans mon ventre à la manière d’un étau ; mon enfant, ma fille, la chaire de ma chaire ; sourde ?
L’homme en blanc se tourna vers moi, le visage désolé ; je reculai.
Ma femme n’avait pu résister à l’accouchement et je m’était raccroché à l’espoir d’un enfant parfait, mais là, c’était trop pour un seul homme. Je me suis donc arraché au monde pour en accepter la réalité.
Huit mois se sont déjà écoulés et je sors enfin de cette dépression comme le dit mon psy et je regarde la fillette trottiner avec son nouveau cheval imaginaire. Le portrait craché de ma tendre Julie, sa mère ; des cheveux blond aux allures de blés bronzant sous le soleil chaud de l’été, sa petite clochette reçue par sa mère résonne au son de ses mouvements et des yeux verts profonds où je me plonge volontier quand elle dort. Oui, elle dort les yeux ouverts ; c’est une réaction fréquente chez les enfants sourds ; leur inconscient se sent privé de quelque chose. Alors, elle se raccroche à ce qu’elle a.
C’est alors qu’un jour, alors qu’elle jouait avec son cheval imaginaire, elle s’est approchée de moi et m’a dit :
-Papa, monte avec moi.
Cela dépassait l’entendement, une enfant de huit mois, sourde de surcroît, qui parle. C'est à partir de ce moment là que ma vie reprit un cours normal. Elle