LE COCHON EN PANNE

Il était une fois un jeune cochon qui adorait la vitesse. Il ne se déplaçait qu'au volant de sa petite voiture décapotable et,les oreilles au vent,parcourait des dizaines de kilomètres,le sabot pressé à fond sur l'accélérateur. Le soir,il rentrait à son auge grisé par les vrombissements et,durant la nuit,dormait profondément en rêvant de sa voiture,dont il laissait refroidir le moteur pour le lendemain matin.
Un jour qu'il revenait de son équipée routière,conduisant trop vite sur le chemin de son auge,au beau milieu de la campagne,et alors qu'il venait de quitter une bretelle d'autoroute,il voulut ralentir afin de ne point s'écraser contre un platane. Il pressa donc,pour changer de vitesse,la pédale d'embrayage,dont le ressort céda soudain sous son sabot:il freina,se rangea en catastrophe sur le bas-côté et considéra un instant,à travers le pare-brise, la campagne absolument déserte,où le soir commençait de tomber.
Il n'y avait pas de réverbères sur cette petite route,mais notre cochon distingua au loin,quelques vaches qui broutaient encore dans la pénombre. S'il adorait la vitesse,il n'y connaissait rien en mécanique,et il pensa immédiatement à consulter un garagiste. Or les vaches ne sont pas garagistes. Mais,pensa-t-il,les vaches peuvent connaître un garagiste. Peut-être pas toutes les vaches,bien-sûr. Bref,notre cochon sortit de sa voiture et se dirigea vers le pré où broutaient les vaches. Le pré était clôturé,mais on distinguait à peine la clôture dans le jour finissant. Le soleil avait commencé de s'enfoncer sous l'horizon.
-Bonjour,fit une des vaches qui s'était approchée de la clôture en apercevant le cochon. Ou plutôt bonsoir. Qu'est-ce-que tu fais sur cette route de campagne à une heure pareille,si loin de ton auge ?
-Je suis en panne,répondit le cochon.
-Ah,fit la vache. Elle ne semblait pas surprise. Elle devait avoir l'habitude des pannes,sur ce bord de route. C'est du moins ce que pensa le cochon.
-J'ai un soucis