Le corbeau de poe
Évidemment, tout au long du XXème siècle, nombreux critiques ont décelé la filiation poesque dans les écrits symbolistes et modernes, en allant de ceux de Baudelaire jusqu’à ceux de Valéry. En 1967, Yves Bonnefoy lui-même a fait quelques allusions à l’influence de Poe sur Baudelaire et Mallarmé notamment dans leur perception du Beau comme principe poétique . La Beauté l’emporte ainsi sur la Passion et la Vérité tel que l’affirmait déjà Poe dans The Philosophy of Composition où le poète de Baltimore explique «la genèse d’un poème», pour reprendre le titre qu’en a donné Baudelaire en traduisant ce texte . Il s’agit du poème «The Raven» ou «Le Corbeau» traduit successivement par Baudelaire et Mallarmé.
Une trentaine d’années plus tard [1996], Bonnefoy commente ce poème dans le dernier tiers d’une conférence, remarquant que «Poe a échoué à transcender le bruit par le son [… et] à ranimer la musique […,] ce poème étant encore si fortement un réseau de rythmes et de timbres». Ce qui n’empêche pas le poète contemporain qu’est Bonnefoy de considérer que Poe a cependant préparé à la musique «tout un nouvel avenir» . De fait, la découverte du néant et son instauration comme loi dans notre rapport au monde tout en proposant un être-au-monde exclusivement esthétique troublèrent la musique. Celle-ci dut attendre Gustav Mahler «qui a connu la poétique de Poe» pour animer ses