Le corps dans dom juan de molière
La pièce de Molière s’inscrit dans le cycle du mythe donjuanesque. Il est possible de le dater si l’on remonte à la version qu’en donna Tirso de Molina sous le titre d’El burlador de Sevilla. Probablement écrit avant 1620 et publiée en 1630, cette pièce est la première traitant du mythe de Don Juan. Jouée devant le roi en 1665, Dom Juan de Molière revêt une grande complexité. Oscillant entre moments tragiques et rebondissements comiques, il ressort que Dom Juan est un personnage insaisissable. Il est impossible de lui appliquer une seule définition. Le mot qui revient sans discontinuer pour parler du séducteur c’est inconstance. Dom Juan n’a pas une identité mais toutes les identités. Caractérisé par la métamorphose, le mythe ne construit pas un personnage, un individu mais bien plutôt une persona. Tirso parlait déjà de l’ « hombre sin nombre ».
Ainsi parler de la représentation du corps de Dom Juan c’est, en premier lieu, prendre en considération le fait qu’il est, à l’image du séducteur, multiple et « malléable » selon l’expression d’A. Preiss dans le Dictionnaire de Don Juan. Il n’est pas possible de parler du corps de Dom Juan mais des corps dans Dom Juan. Synonyme d’altérité, c’est par sa présence corporelle que Dom Juan transgresse les interdits sociaux et s’affirme libre aux yeux de la sphère publique et de Dieu lui-même. Comme personnage de la métamorphose, il semble naturel que ce qui est, en premier lieu, objet du déguisement, soit le corps. C’est en effet par lui que Dom Juan se montre aux autres protagonistes. Molière a recours tant au déguisement physique qu’à l’habillage métaphorique. La scène 2 de l’acte V, qui donne la représentation la plus éclatante de l’art hypocrite, le montre bien et fait, plus que tout autre auteur avant lui, du « grand seigneur méchant homme », le Burlador par excellence.
Cette étude portera donc sur les visions multiples que revêt la perception de la présence