Le corps - Lorsque j'étais une oeuvre d'art
2568 mots
11 pages
Le corps est défini dans les dictionnaires comme « la partie physique des êtres », que l’on oppose à la l’âme selon le dualisme cartésien, mais aussi comme « objet matériel, physique ». Cette double définition se traduit implicitement dans le livre Lorsque j’étais une œuvre d’art, d’Eric-Emmanuel Schmitt, paru en 2002. L’histoire est celle d’un narrateur dont on ne connait le nom, Tazio Firelli, qu’au bout de 200 pages, et pour cause, ce n’est qu’au bout de 200 pages que se pose la question de savoir s’il a un nom ou pas. Son histoire est celle d’un jeune homme désespéré, qui, souffrant de son physique (je cite) « décourageant », « laid », ou encore « ignoble », décide d’en finir, et c’est ainsi que s’ouvre le roman : « J’ai toujours raté mes suicides. J’ai toujours tout raté, pour être exact : ma vie comme mes suicides ». Alors qu’il s’apprête à sauter du haut d’une falaise, un homme, nommé Zeus-Peter Lama, « le plus grand peintre et le plus grand sculpteur de notre temps, ayant le génie, la gloire, la beauté et l’argent » comme il se définit lui-même, l’en empêche en lui faisant une proposition étrange : celle de lui accorder une journée pour lui redonner le goût de vivre. Après réflexion, le narrateur accepte, et s’engage sans le savoir dans un véritable pacte avec le diable. Zeus-Peter Lama lui fait signer un contrat stipulant que Tazio est à jamais dépendant de lui, et qu’il se donne entièrement à l’artiste qui fera de lui ce qu’il désire : (je cite) « Je désire librement devenir sa complète propriété ». La raison de ce choix tient au fait que Zeus-Peter Lama, profitant du désespoir du narrateur, parvient à lui faire accepter de devenir une œuvre d’art. Le narrateur feint donc sa mort auprès de ses proches : ses parents, ainsi que ses frères ainés, Enzo et Rienzi, les illustres jumeaux Firelli, célèbres dans le monde entier pour leur beauté (on trouve ici une explication de la tentative de suicide du narrateur) et renie sa « première vie » comme il l’appelle,