Le décrochage scolaire
— Mots-clés associés : Éducation prioritaire, politiques publiques, décrochage
Compte rendu de lecture de cet ouvrage de synthèse récent sur les théories sur le décrochage scolaire
Pierre-Yves Bernard, maître de conférence en Sciences de l’éducation à l’université de Nantes[1] nous propose dans ce Que sais je ? une mise au point des recherches sur le décrochage scolaire. Très actualisée sur les différentes théories sur le décrochage et leurs variations, elle montre aussi les enjeux, notamment politiques, de la question, sans pour autant se situer sur le terrain des réponses concrètes.
La préoccupation des Etats européens et de la France depuis le sommet de Lisbonne en 2000 a permis l’institutionnalisation du terme décrochage. Or ce terme est problématique. En France la loi de 2009 définit le décrocheur comme une sortie sans qualification, mais c’est seulement dans un décret de 2010 que ce niveau de qualification est défini (baccalauréat ou diplôme professionnel de niveau I ou IV). Ce terme a remplacé celui de déscolarisation. Mais on peut faire une distinction entre la déscolarisation qui concernerait les moins de 16 ans, avec encore une obligation scolaire, et le décrochage synonyme de sortie de l’école sans diplôme. Le concept soulève en effet trois critiques :
il stigmatise une population (Bertrand Geay, « Du "cancre" au "sauvageon" », Actes de la recherche en sciences sociales, Vol. 149, septembre 2003, pp. 21-31.) ; il simplifie des réalités diverses ; il s’intéresse davantage aux conséquences qu’aux causes (Françoise Oeuvrard, Dominique Glasman, et Collectif, La déscolarisation, La Dispute, 2004, nelle éd 2011, 315 p.)
Au-delà de ces critiques le décrochage scolaire pose en lui même des problèmes conceptuels sur ce dont il s’agit : un acte ou un processus, un problème social ou une catégorie institutionnelle ?
On distingue quatre approches du décrochage en France :