Introduction

Du meilleur élève du FMI au début des années 1990, l’Argentine est devenu en Décembre 2001 le pire des cancres.
Par ses manifestations économiques et sociales, la crise argentine est, sans doute, la plus dramatique de son histoire. Les indicateurs qui rendent compte de sa profondeur (niveau de pauvreté, endettement externe et réduction des salaires et des retraites) ont perdu de leur lisibilité : ils sont occultés par les images saisissantes que la presse et la télévision ont diffusées dans le monde entier à partir des évènements du 19 et 20 Décembre 2001. Mais si le visage de la crise est bien connu, sa nature et ses origines le sont moins.
Tout d’abord, la crise argentine est une crise multidimensionnelle mais qui reste une crise d’endettement publique. On verra dans une première partie comment le néolibéralisme instauré dans les années 1990, notamment des mesures conseillées par le Fond Monétaire Internationale, ont emmenées le pays dans la pire crise financière de son histoire.
Ensuite, on abordera l’effondrement économique (Baisse de salaire, augmentation de taux de chômage, précarité de l’emploi) et son influence sur la société argentine, qui trouvera sa face la plus monstrueuse avec la diffusion par les grands journaux du pays, d’enfants morts de faim dans les provinces les plus pauvres.
Finalement, on expliquera la surmontée de ce chaos collectif, à travers l’amélioration de la relation avec le MERCOSUR, l’augmentation de la crédibilité du gouvernement et des politiques de relancement focalisées dans les couches les plus populaires.

* Dominique Ferretti
Le Khan Linh
Erdem Irez

* * I .Les racines du désastre

* 1.1 La création de la dette publique

Cette crise vient de loin. De nombreux économistes argentins situent son origine dans la politique économique suivie par le gouvernement de la dictature. En 1976, la junte militaire de Videla prend le pouvoir et instaure une dictature qui dure jusqu’à 1983 et provoque environ