Le Dernier jour d'un condamné
Étude du chapitre XXII
Le Dernier Jour d’un condamné.
Victor Hugo Un milieu de roman ou le paroxysme de l’enfer.
Seul face au monde et à la société, le condamné dénonce dans ce passage qui relate son transfert de Bicêtre à la Conciergerie l’indifférence et la niaiserie humaine. C’est à travers des personnages absurdes et caricaturaux qui, par leurs propos et leurs attitudes, sont en décalage total avec la situation présente que le narrateur oriente le regard du lecteur sur la condition d’un condamné à mort, conditio, tragique en soi et rendue d’autant plus tragique par l’isolement intellectuel et corporel dont il est la victime. Il s’opère donc dans ce chapitre un retournement de situation. Le coupable qui suit l’ordre judiciaire de sa condamnation devient ici la victime d’une société cruelle et inhumaine. En quoi l’isolement physique qui ouvre et clôt le chapitre encadre un isolement moral dans l’idée de l’échafaud et par conséquent de la mort ?
I Les marques de la satire : La satire valorise la raillerie du registre polémique dans le but de s’attirer la complicité amusée du lecteur. Ici, l’absurde domine afin de dénoncer de façon ironique les vices de la société du XIXème siècle. Cette dénonciation est basée sur le décalage entre la situation tragique du personnage et la superficialité des autres personnages. Le ton du passage est donné d’emblée « Mais ça vaut la peine d’être conté ».
1. Des personnages futiles :
Le personnage de l’aumônier, représentant les valeurs religieuses, est discrédité dès son apparition « Il venait de déjeuner », cette indication est significative du peu d’empathie qu’il ressent pour le prisonnier et de son état second, induit par la digestion, développé par la suite. Ce transfert n’est pour lui autre chose qu’un travail à effectuer ainsi qu’il le déclare à demi-mots au début de la seconde page et que son attitude semble le suggérer. En effet, il