LE DESIR EST-IL UN OBSTACLE AU BONHEUR ?
« LE DESIR EST-IL UN OBSTACLE AU BONHEUR ? »
C’est devenu une opinion commune de la postmodernité que de flatter la recherche du plaisir. Ainsi « vivre des ses désirs » est devenu une formule publicitaire assez banale. Nous partageons donc l’opinion selon laquelle le bonheur, c’est la satisfaction de tout les désirs. La libération sexuelle a enseigné qu’il ne fallait surtout pas réprimer le désir, qu’il fallait l’exprimer et se borner à le suivre. Celui qui voudrait réprimer ses désirs serait vu en notre monde comme une sorte d’exception étrange à une règle commune qui enseigne tout le contraire.
Pourtant, on a tous fait l’expérience de ce que la multiplication des désirs peut engendrer ; soit la frustration, l’insatisfaction, le dégoût et l’ennui. Proust dira en ce sens que « plus le désir avance, plus la possession véritable s’éloigne ». Fatigué de désirer en restant mécontent, nous serions alors, presque en désespoir de cause, tenté de dire avec lui que « si le bonheur ou du moins l’absence de souffrance peut être trouvé, ce n’est pas dans la satisfaction, mais dans la réduction, l’extinction progressive finale du désir qu’il faut chercher ». Ainsi, ce serait dans la libération du corps par la domination des instincts, des plaisirs et des passions que résiderait la véritable morale du désir. Une question se pose alors, qui est notre sujet : le désir est-il un obstacle au bonheur ?
Par « désir », nous comprendrons ici l’ensemble des phénomènes organiques et psychologiques qui nous poussent à posséder un objet en vue d'en tirer plaisir. Cet objet peut être matériel ou non. « obstacle » signifie ce qui empêche ou retarde une action, une progression, il sous-entend donc ici une difficulté, un empêchement dans ce qu’est la recherche de notre bonheur. Ce dernier sera ainsi considéré comme un état de satisfaction parfaite, de contentement du corps, du cœur et de l'esprit, ne connaissant pas la souffrance.