Le desir
La conscience morale
Le pouvoir
Introduction
Il faudra prendre soin de distinguer les besoins, les désirs, et les passions. Les premiers appartiennent à l’ordre de la nécessité, de ce qui « ne peut pas ne pas être », comme des exigences incontournables de la vie. Les besoins sont donc issus des pulsions vitales de notre être, de celles qui, aux dires de Spinoza, nous poussent à « persévérer dans notre être ». Le désir, lui, semble relever d’une démarche volontaire du sujet, et vise le superflu au-delà du nécessaire. Il est toujours porteur ou créateur d’un sens, et s’entend dans un monde où je ne suis pas seul, mais où mes désirs sont sans cesse confrontés aux désirs des autres. Les passions, enfin, sont une exaspération du désir, qui peut conduire au dépassement de nous-mêmes, mais aussi, nous le verrons, nous aveugler.
1 – La tradition grecque : Platon, les stoïciens, les épicuriens
Les passions sont, dans cette tradition antique, unanimement condamnées. Mais curieusement, les motifs de ce rejet ne sont pas du tout les mêmes, pas plus d’ailleurs qu’ils ne se retrouveront dans l’approche chrétienne des passions à la période médiévale. En fait cette tradition reconnaît dans le désir à la fois ce qui peut nous sauver (par exemple dans la dialectique platonicienne, ou l’amour du prochain lié à l’amour de Dieu, dans le christianisme)
1 – Platon : Les passions comme « mésusage » du désir
Le désir est au centre de la philosophie de Socrate et de Platon. Il est en nous la trace que notre âme a connu une existence antérieure et qu’elle vise à rejoindre son lieu propre, l’intelligible, au lieu de rester prisonnière de la matière dans la caverne du corps.
Mais si le désir est ce qui permet au prisonnier[1] de sortir de la caverne, les passions vont l’y maintenir enfermé.
Le désir promet toujours plus qu’il ne donne : c’est même ce qui le distingue du besoin, qui lui s’arrête avec la satisfaction. D’ou un sentiment de manque, qui accompagne