Le detour par l'autre
Depuis des siècles, les écrivains cherchent à instruire leurs lecteurs par le biais de leurs œuvres. Cette volonté didactique s'affirme particulièrement au siècle des Lumières, époque à laquelle la diffusion du savoir apparaît comme primordiale, la publication de L'Encyclopédie en étant peut-être l'exemple le plus représentatif. Pour transmettre leurs idées, certains écrivains préfèrent utiliser des personnages et des situations imaginaires, ayant ainsi recours à la fiction.
Cela nous amène à nous intéresser aux raisons de ce choix : en quoi la fiction est elle un outil efficace pour argumenter et un bon moyen de délivrer un enseignement?
Nous verrons dans une première partie comment la fiction permet de toucher un public large, en suscitant son plaisir et en lui présentant des idées sous forme concrète. Puis dans une deuxième partie nous nous intéresserons à l'argumentation implicite utilisée par l'auteur, qui lui procure un masque tout en lui permettant d'impliquer son lecteur.
La fiction permet de vulgariser une doctrine pour entraîner l'adhésion d'un grand nombre de personnes. En effet, elle suscite le plaisir du lecteur en le captivant par l'intrigue, en le dépaysant et en provoquant son amusement.
Tout d'abord, le lecteur est plongé dans l'intrigue et désire connaître le dénouement : il ira donc jusqu'au bout du texte. On peut citer Candide de Voltaire : le héros va-t-il parvenir à retrouver Cunégonde et à l'épouser ? C'est une assurance pour l'auteur que son message sera transmis intégralement, contrairement à d'autres formes d'expression plus rébarbatives et austères qui pourraient décourager le lecteur. De plus, la structure même des récits est souvent simple, ce qui retient plus facilement l'attention et rend la lecture plus aisée. Par exemple dans Le Supplément au voyage de Bougainville