Le divertissement
''Imaginer un dialogue entre Victor Hugo et Francis Ponge, chacun défendant avec enthousiasme sa conception de la poésie''
Victor Hugo allant à la rencontre de Francis Ponge.- Mon cher ami, je viens vous voir pour connaître l'envie qui vous pousse à écrire des poèmes tels que Le Pain, car je n'en vois pas l'intérêt.
- Comment ? Vous n'en voyez pas l'intérêt ? s'écria Francis Ponge, surpris. C'est tout simple pourtant. Je refuse que la poésie soit mensonge, je préfère consacrer mon écriture aux choses familières qui nous entourent et donner à voir ce que notre œil habitué ne voit plus. Ainsi dans le pain qui est l'objet le plus banal qui soit, moi je vois une croûte qui ressemble fortement à une chaîne de montagne et dans le pain rassis je vois des fleurs qui fanent. Je trouve que les métaphores donnent plusieurs visions du pain auxquelles les personnes ne pensent pas. En faisant des descriptions des choses les plus simples, des objets de notre quotidien je veux réapprendre à regarder, regarder autrement. Je veux transformer l’objet en mystère et en beauté. Contrairement à toi, je ne m'implique pas dans mes poèmes.- Certes mon ami, dans le lyrisme le ''je'' est beaucoup présent ce qui n'empêche pas cette poésie d’être universelle car les thèmes tels que la vie, la mort, le temps qui passe ou encore la nature concernent tous les hommes. Le poète sert seulement d'interprète et même s'il utilise le ''je'' pour exprimer ses sentiments, l'amour, la haine, l'indignation, le regret concernent tout le monde. Moi aussi j'utilise des métaphores et toute autre figure de style ainsi qu'une ponctuation forte pour rendre plus poignantes les émotions que je veux transmettre. Comprends-tu mon but ?, demanda Victor Hugo.- Oui je vois très bien ce que vous voulez transmettre mais cela ne change rien au fait que je préfère révéler la beauté des choses que l’on croit connues en rendant compte des objets de la manière la plus précise et la plus