le document authentique
Annie LHERETE, inspecteur général de langues vivantes
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Le document authentique en classe de langue
Pourquoi ce sujet ?
Le titre de cette intervention est révélateur d’une nouvelle difficulté à penser, à calibrer et à exploiter ces « choses diverses »qui proviennent de tous horizons à partir desquelles le professeur bâtit des cours, des séquences ou des scénarios.
Il est révélateur de constater que le mot document est aujourd’hui en compétition avec le mot support, ce qui renvoie non pas au contenu mais au contenant : papier, vidéo, podcast, fichier son…Or, on n’apprend pas plus à partir d’un « support » qu’on ne se nourrit d’une assiette, d’un poêle ou d’une casserole ;
Nouvelle donne aujourd’hui : l’arrivée des nouvelles technologies donne une accessibilité immédiate à toutes sortes de documents et plonge paradoxalement le professeur dans un certain désarroi en lui imposant d’assumer un double rôle traditionnellement assumé par les auteurs des manuels et les équipes éditoriales :
- celui de sélectionner des documents libres de droits, qui soient linguistiquement rentables et culturellement représentatifs, et pour cela de se doter de critères.
- celui de concevoir des progressions qui mettent en jeu les différentes activités langagières celui de donner de la cohérence et du sens à son enseignement.
Lors d’un colloque intitulé Ecrans et réseaux, Umberto Eco déclarait en 2002 : Avec le Web, tout un chacun est dans la situation de devoir filtrer seul une information tellement ingérable vu son ampleur que, si elle n'arrive pas filtrée, elle ne peut pas être assimilée1.
1. Le recours au document authentique : une « doxa » qui s’est imposée dans l’enseignement des langues vivantes depuis plus de 40 ans
Le mot document est arrivé dans notre univers pour décrire la diversité souhaitable de supports lorsqu’on a cessé d’enseigner avec des anthologies, lorsqu’on a cessé d’enseigner la langue dans