Le don est il une forme de l'échange
Introduction
* Analyse du sujet
L’échange suppose la réciprocité. Échanger, c’est céder quelque chose moyennant contrepartie. « Donner pour recevoir » est la règle fondamentale de l’échange. Plus précisément, l’échange repose sur le triptyque « donner, recevoir, rendre ».
Or, le don par son unilatéralité rompt la réciprocité et fait éclater le dispositif de base de l’échange, car le don est gratuit. En effet, il est généralement admis que le donneur_ le donneur de sang, la mère qui donne de l’affection à son enfant, celui qui plus simplement donne de son temps_ ne donne pas pour recevoir, mais qu’il donne gratuitement, sans espoir de retour, qu’il donne pour donner.
Il faudrait donc conclure à un antagonisme réciproque entre le don et l’échange, chacun excluant l’autre. Assez paradoxalement, le don, au même titre que la guerre, le pillage, la violence, la fraude ou encore l’exploitation, serait une figure du refus de l’échange. Car, donner reviendrait à refuser la logique de l’échange fondée sur la réciprocité, le « donnant-donnant », le partage du gain.
Dès lors, il est difficile de concevoir les motivations qui peuvent nous pousser à donner gratuitement. On ne peut pas dire que la principale motivation du donneur soit le plaisir de donner ou la gratification personnelle qu’il éprouve en donnant, car alors le donneur recevrait bien quelque chose en contrepartie de son don, à savoir précisément du plaisir, une gratification personnelle, etc. Bref, dans cette explication, le don se nie, puisqu’il est réintégré de facto dans la logique de l’échange fondée sur le principe du « donnant-donnant ». La seule différence remarquable entre le don et l’échange marchand consisterait en ce que le donneur reçoit en contrepartie de son don un bien immatériel, impalpable, non quantitatif, tandis que le négociant et son client reçoivent l’un comme l’autre un bien matériel, tangible et mesurable. Ainsi, à strictement parler,