Le drame liguistique marocain
L’ouvrage de Fouad Laroui, écrivain et professeur à l’Université d’Amsterdam, établit un diagnostic sans complaisance mais se veut force de proposition pour remédier à cette situation problématique. Pour l'auteur il y a urgence, car le problème numéro un des Marocains est le plurilinguisme qui entraîne une impasse culturelle et un manque de cohésion nationale. Fruit de trois années de recherches Le drame linguistique marocain souhaite ouvrir un débat de fond sur l'absence d'une langue fédératrice de l'identité marocaine.
Un paysage linguistique complexe
Rappelons qu'au Maroc l'arabe classique est la seule langue officielle(2). Point question de darija (dialecte marocain) dans la Constitution, or c'est la seule langue qu'ont réellement en commun les Marocains, bien que l'on dénombre de 40 à 50% de berbérophones. À cela vient se greffer le français, quasi-indispensable pour réussir professionnellement, dont le degré de maîtrise indique le statut social du locuteur.
En effet, dès leur plus jeune âge et tout au long de leur vie les Marocains sont confrontés à plusieurs langues:
•leur langue maternelle qui est la darija ou le tamazight (berbère)(3) -voire le français dans le cas de couples mixtes ou très francisés-
•les langues d'enseignement : l'arabe classique et le français dès le primaire avec une prédominance de la première dans les écoles publiques et de la seconde dans les écoles françaises et les écoles privées qui suivent le programme éducatif français. Plus rarement l'anglais ou le castillan dans le cas des écoles américaines et espagnoles..
L'arabe classique, une langue de caste
Dans son premier chapitre, Laroui passe au crible l'ensemble des langues parlées au Maroc. Le cas de l'arabe classique est largement analysé et le verdict sans appel: le fussha n'est pas une langue qui répond aux besoins actuels des Marocains. Langue sacrée de la transmission coranique, dont les fondements ont été figés par le grammairien Sibaweh