CONTRAT Prise de vue On contracte les fièvres, des amitiés et des vices (ou de bonnes habitudes) ; on contracte aussi des dettes. Le verbe contracter suggère ainsi une image assez floue ; il évoque un « lien », matériel ou spirituel. Le substantif contrat paraît avoir une compréhension plus restreinte, sinon plus précise ; il ne connote plus que l’idée d’un rapport interpersonnel, moral ou social, et, notamment, juridique : l’idée d’obligation. En situant la source de cette relation dans la volonté même des sujets entre qui elle s’établit, le mot s’enrichit d’une nuance appréciable, qu’exprime plus nettement le terme « convention », tenu pour son synonyme. Obligation et convention : on considère d’ordinaire que le propre du contrat est précisément d’être, non pas l’une ou l’autre chose, selon les points de vue, mais, conjointement, l’une et l’autre, obligation conventionnelle, convention obligatoire. Et le problème du contrat apparaît comme celui de la liaison entre les deux termes, c’est-à-dire de la reconnaissance, par le droit, des engagements volontaires, ou encore, de la sanction des promesses. Bien loin d’aider à la solution du problème, une analyse philosophique de la promesse la rend plus ardue. Car les philosophes – certains d’entre eux du moins – considèrent, sans doute, que la promesse ne peut être pensée que comme devant être tenue ; mais ils soulignent aussi qu’elle est le plus souvent précaire, l’homme étant un être naturellement inconstant et insincère. Dès lors, de deux choses l’une ; ou bien le promettant persiste dans la résolution d’assumer le lien qu’il s’est imposé, et le bénéficiaire de la promesse n’a que faire d’une consécration officielle – juridique – de celle-ci ; malgré le silence, ou l’hostilité de la loi, un débiteur scrupuleux peut toujours réaliser spontanément sa volonté, et le contrat n’est qu’une institution superflue ; ou bien la promesse engendre un lien juridiquement sanctionné ; mais, par hypothèse, ce lien ne sera