Le désir est-il pour l'homme source de liberté ou de servitude?

Si on définit le désir comme un effort de réduction d'une tension issue d'un sentiment de manque ou d'une aspiration à l'obtention d'un objet, on en fait alors un mouvement propre aux êtres susceptibles de se fixer des objets ou des états comme but à atteindre. Mais le désir est-il vraiment mis en mouvement par le sujet lui-même, auquel cas les choix de ce dernier en sont l'origine ou semble-t-il se mettre en mouvement de lui-même, auquel cas il apparaît difficilement contrôlable. C'est donc parce que le désir est avant tout un mouvement, une aspiration qui habite les corps et occupe les esprits que la question de la liberté et de la servitude se pose ici : si on définit la servitude comme l'absence d'autonomie et de choix, comme un état d'emprisonnement d'où il semble impossible de sortir, alors n'est-ce pas ce qu'entraîne le désir si on admet qu'il est un mouvement qui semble s'initier et se dérouler en nous mais malgré nous ? A l'opposé, le désir ne représente-t-il pas aussi la capacité humaine de choisir et de se donner des fins : n'est-ce pas la grande différence de l'homme par rapport aux autres êtres animaux pour qui la nature décide en tous points ? Est alors mise en évidence ici la nature ambiguë du désir : est-on libre sans ou grâce au désir? Faut-il se libérer du désir (en tant qu'il ne serait que source de servitude) ou faut-il au contraire libérer le désir (en tant qu'il serait en nous la marque de notre liberté, de notre capacité de choix et d'agir)?

I. Le désir m'échappe
A) Par sa nature même
 Le désir est ambivalent : il semble soit indéterminé, soit trop déterminé : toujours insatisfait car ne porte pas sur un objet en particulier, une fois l'objet obtenu, le désir ne cesse pas, au contraire, il semble se relancer et se porter ailleurs, comme si l'obtention de l'objet désiré n'était pas la priorité // se porte trop sur un seul objet = obsession qui empêche de désirer autre