Le déterminisme de l'hérédité
Avant toute chose, permettez-moi de m'excuser pour les imperfections qui ne manqueront pas de ponctuer cette brève missive. J'ignore si vous savez ce que représente le fait d'écrire à une personne telle que vous, mais ce n'est pas chose aisée. Je ne suis pas sans savoir que vous êtes un homme comme les autres et que par conséquent, je ne devrais pas avoir de difficulté à vous écrire mais pardonnez-moi, certaines choses prennent parfois des dimensions plus complexes sans que l'on s'en aperçoive. Mais ne nous éternisons pas trop longuement sur ce sujet futile. Venons-en à l'objet de cette lettre.
Je vous écris pour vous interroger sur vos «relations» avec Claude Bernard. Il m'a été conté que c'est sur ses écrits que vous avez basé votre cycle des Rougeon-Macquart et qu'il vous a grandement impressionné. Pensez-vous réellement, tout comme lui, que les tares se transmettent par le sang? Et pouvez-vous m'expliquer la fascination que vous semblez avoir pour ce scientifique?
Je vous remercie d'avoir au moins lu ma lettre...
Bien à vous,
Delphine
Émile Zola Bonjour Delphine,
Tu sais que les scientifiques pensent que dans les mêmes conditions, les mêmes causes produisent les mêmes effets, n'est-ce pas? Eh bien, il semble que ce principe soit vrai aussi dans la vie des hommes: Gervaise, Eugène Rougon, Nana, Saccart et tous les autres sont ce qu'ils sont parce que les conditions physiologiques (notamment leur hérédité) et l'influence du milieu où ils évoluent, les ont «fabriqués» ainsi. C'est ce qu'on appelle le déterminisme.
Comme tu l'indiques, je m'intéresse beaucoup aux récentes théories sur l'hérédité et je me suis documenté à leur sujet. J'ai lu notamment «L'Hérédité naturelle» du docteur Prosper Lucas, «L'Hérédité dans les maladies du système nerveux» par Jules Déjerine, les théories de Darwin, et d'autres ouvrages.
Le docteur Claude Bernard, quant à lui, n'a jusqu'à présent