Parmi les rares grands romans français qui ont dépeint les tranchées sans fard, on doit citer Les Croix de Bois de Dorgelès et deux des romans inclus par Jules Romains dans sa fresque Les Hommes de bonne volonté : Prélude à Verdun et Verdun. Il ne faut pas oublier non plus que les auteurs allemands ont, eux aussi, décrit la guerre. Un peu à la manière de Barbusse, Erich Maria Remarque en a laissé une description pleine de compassion : A l'Ouest rien de nouveau est devenu le classique des livres de guerre. En 1915, une escouade se dirige vers une colline occupée par les Allemands et connaît l'enfer. Le livre parut en Novembre1916 aux Editions Flammarion et remporta le Prix Goncourt ; il raconte, souvent à la première personne ou par dialogues interposés, la vie quotidienne d’une escouade de fantassins alors que les combats ensanglantent déjà l’Europe depuis deux ans. L’auteur entend faire revivre l’argot des « bonhommes < comme se surnommaient eux-mêmes les « poilus » (terme inventé par l’arrière) > selon les principes du naturalisme. Henri Barbusse avait connu lui-même le feu des tranchées dès 1915, d’abord comme soldat puis comme brancardier. C’est en majeure partie dans les hôpitaux que le livre fut écrit. Il exprime les aspirations pacifistes de l’auteur.
"Ces hommes qui avaient été tenaillés par la fatigue, fouettés par la pluie, bouleversés par toute une nuit de tonnerre[…] entrevoyaient à quel point la guerre, aussi hideuse au moral qu’au physique, non seulement viole le bon sens, avilit les grandes idées, commande tous les crimes_ mais ils se rappelaient combien elle avait développé en eux et autour d’eux tous les mauvais instincts sans en excepter un seul : la méchanceté jusqu’au sadisme, l’égoïsme jusqu’à la férocité, le besoin de jouir jusqu’à la folie"