Le futur
Il est, à l'heure où j'écris ces lignes, précisément 17:37. Je me suis réveillé ce matin dans ma cave, étalé au milieu de la poussière et des gravats. Quelques rats empuantissaient l'espace, terrassés par une force dont l'origine m'était inconnue. Un mal de tête effroyable rendait ma vue floue et mes mouvements las, et c'est tant bien que mal que j'ai réussi à remonter l'étroit escalier de vieux bois menant au rez-de-chaussée de mon petit pavillon de New-York. Je vis seul, la compagnie d'une femme m'étant inutile, et celle d'enfants, insupportable. Mais cela importe peu. En parvenant dans le corridor, la première chose qui m'ait frappé était l'inhabituelle absence de lumière. Certes nous étions le soir, en hiver qui plus est, mais l'obscurité présente possédait quelque chose d'inquiétant, paraissait presque surnaturelle.
Je décidai donc de me diriger vers la fenêtre la plus proche, dans mon salon, donnant directement sur la rue. Une vision d'horreur me coupa littéralement le souffle lorsque se révéla le paysage extérieur. Je ne sais par où commencer. Peut-être l'absence de véhicules, qui encombraient habituellement la chaussée de jour comme de nuit. Ou même, plus choquante, la terrible absence de personnes. Aucun signe de vie à des kilomètres à la ronde. Pas même le piaillement aigu d'un oiseau perché sur une antenne. Rien. Pas de son. Pas de mouvement. Mais le pire restait à venir. Lorsque mes yeux se dirigèrent vers le ciel, je crus à un cauchemar, à une sorte de mauvaise blague organisée par je ne sais qui ou je ne sais quoi. Toujours est-il que la raison de l'obscurité qui me préoccupait quelques minutes avant parut évidente. Le ciel... Notre bon vieux ciel. Sa couleur avait été absorbée. S'étendait maintenant, au-dessus de tout, un immense espace d'un noir de jais, dépourvu de nuages, d'étoiles, de lune, de tout ce que vous voulez. Le vide. Le néant. A ce moment-même, cette image tragique reste imprimée, profondément ancrée dans ma