Le fétichisme de charles de brosses
Commentons rapidement le livre de de Brosses que nous avons évoqué, et particulièrement certains passages de l’œuvre. Tout d’abord ces mots étonnants :
« L’allégorie est un instrument universel qui se prête à tout. Le système du sens figuré une fois admis, on y voit facilement tout ce que l’on veut comme dans les nuages : la matière n’est jamais embarrassante ; il ne faut plus que de l’esprit et de l’imagination : c’est un vaste champ, fertile en explications, quelles que soient celles dont on peut avoir besoin[1] ».
L’allégorie (nuages et champ fertile) vient aider à décrire l’allégorie elle-même, comme processus aux résultats toujours équivoques. N’est-il pas étonnant d’utiliser, comme sans s’en apercevoir, cela même que l’on critique, au moment où on le critique ? Continuons. De Brosses différencie une matière, et l’esprit et l’imagination. Nous retrouverons chez Vico une réflexion sur l’imagination comme puissance créatrice première, indiquons qu’elle peut, ici, également faire écho, pour nous, à la fantasia, chez Husserl. Il nous faudra, bien sûr, y revenir. [vérifier terme]. De Brosses fait bien référence à une matière, donc, et le terme nous semble approprié pour marquer une véritable césure entre esprit et matière, entre l’homme et le monde. Peu importe le substrat, ce qui importe c’est ce que l’esprit et l’imagination mettent à jour. L’esprit est retiré du monde, comme en suspens vis à vis de lui, et le monde est là, brut, impassible. La césure est admise implicitement dans le discours, et n’est-ce pas d’ailleurs elle qui permet de disqualifier immédiatement l’allégorie ? On l’aura compris, le monde brut et matériel, simple substrat passif, est le monde objectif de la science, celui de la nature, celui que ne voit pas le barbare. Et l’allégorie est ici à nouveau un autre, une altérité, posée dans toute son obsolescence, naturalisant imperceptiblement corrélativement son autre invisible et transcendant, la