Le genre de l'utopie est-il utile pour changer le monde ?
L'utopie est ‘une société idéale mais imaginaire. Les utopies décrivent le fonctionnement de sociétés parfaites, dont on suppose l'existence en un lieu généralement clos. Fournissant des arguments pour la critique de l'ordre existant, elles peuvent aussi s'offrir comme des modèles pour l'établissement de communautés heureuses’ [1]. L'utopie est donc un moyen pour critiquer la société; c'est un endroit fictif par lequel il faut passer pour une prise de conscience. L'utopie doit retrouver la signification que l'humaniste lui donnait: celle d'un heureux effort de l'imagination pour explorer et représenter le possible. Burton, More, Fourier, Platon et Campanella, pour ne citer qu'eux, ont rédigé des œuvres intégrant l'utopie. Quelle vision utopiste ont-ils ?
Par opposition aux utopies, des contre-utopies ont vu le jour avec notamment G. Orwell. Les contre-utopies récupèrent fidèlement le schéma général, les thèmes et les lieux communs des utopies pour démontrer que chacun des bienfaits de l’utopie finit par se retourner contre son bénéficiaire, par mettre en péril ce qui constitue son humanité.
Découvrons ces deux visions.
Burton a écrit l'Anatomie de la Mélancolie. Burton souffre de mélancolie et trouve un remède contre cette maladie: écrire un traité sur la mélancolie. Il le dit lui-même: ‘J'écris sur la mélancolie, je me suis occupé en me divertissant, afin d'éviter l'engourdissement de l'oisiveté et de transformer mon oisiveté en une chose utile’. La mélancolie est une mode à cette époque. Mais Burton propose des remèdes: sa thérapie prend la forme de l'utopie.
Pour lui, le discours de l'utopie a une vertu thérapeutique, à condition que son auteur reste conscient que les remèdes qu'il propose n'auront aucun effet pratique. C’est uniquement par les mots, où l'imagination se donne libre cours, qu'il est possible de dépasser le sentiment mélancolique.
Dans son œuvre, l'utopie est divertissante et