Le genre monanesque

1403 mots 6 pages
A) Une extraordinaire diversité
Que peut-il y avoir de commun entre Le Grand Cyrus de Madeleine de Scudéry et Le standinge selon Bérurier de Frédéric Dard, alias San Antonio ? Entre Les Misérables de
Hugo et La Jalousie de Robbe-Grillet ? Entre La Princesse de Clèves de Mme de La
Fayette, et Voyage au bout de la nuit de Ferdinand Céline ? Ou encore, entre les Lettres persanes de Montesquieu, et L’Assommoir de Zola ? Entre Énéas, adaptation anonyme de l’Énéide de Virgile au XIIe siècle, et Jacques le fataliste de Diderot ? La distance est tellement grande entre le niveau de langue homogène et soutenu du grand roman précieux et l’argot inventif du « polar » burlesque, entre le luxe de caractérisations psychologiques et éthiques de l’inventeur de Jean Valjean et la sécheresse « phénoménologique » du chef de file du Nouveau Roman, entre l’extrême délicatesse de manières des personnages de La
Princesse de Clèves et la bassesse humaine que met au jour l’errance hallucinée de
Bardamu chez Céline, le décalage est si sensible entre l’articulation narrative du roman par lettres et celle de la fiction naturaliste, enfin la notion de héros subit de tels changements entre l’œuvre médiévale et le scepticisme goguenard que l’écrivain des Lumières communique au lecteur, que la mise en commun de l’ensemble de ces œuvres sous l’appellation générique de « roman » tient de la gageure
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, sinon du scandale. C’est d’autant plus vrai que les « fossés » thématiques, idéologiques ou techniques qui viennent d’être brièvement énoncés ne sont que quelques exemples au milieu d’une foule d’autres distinctions, et qu’il était possible, même en restant dans le domaine francophone, de multiplier les confrontations détonantes.
Cette extraordinaire diversité n’est pas seulement imputable à certains phénomènes de mode qui touchent tous les arts : s’il est vrai que le début du XVIIe siècle abonde en romans du genre « pastoral » et le XIXe en

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