Le grand marché de lomé
"Ago! Ago!"
Pénétrer l'univers du Grand Marché de Lomé, revient à s'immerger dans une fourmillière géante à plusieurs niveaux
La première étape consiste à prendre son souffle dans les rues avoisinantes avant d'accéder au cœur même du marché. Avenue de la Libération, il faut savoir jouer du coude pour avancer vite sur les trottoirs bondés et défoncés; il faut ruser de grâce et d'élégance pour ne pas piétiner les enfants qui dorment ou les mères qui déplient leur tissu bon marché entre deux étals de mercerie. Il est recommandé d'éviter la démarche lente et rêveuse du parfait touriste, inévitablement cerné en quelques minutes par une nuée de jeunes ghanéens aux milles articles. Dans l'exercice de l'équilibre, il est préférable de savoir jongler avec ses mains et ses jambes pour ne pas dévier de sa trajectoire lorsque l'on est frôlé par un motard en Vespa ou un taxi-moto en vadrouille (appelé "Zem" pour Zemidjan signifiant "emmène moi vite") Ce seront là les derniers stigmates de la civilisation avant les pistes étroites du marché piétonnier, véritable entonnoir du commerce qui avale par centaines des grappes de curieux insatiables."Ago! Ago!" traduire "chaud devant", c'est ce que hurlent les femmes qui portent sur leur tête d'immenses bassines dans lesquelles se trouvent des légumes ou des ustensiles qu'elles vendent. Le nouvel arrivant doit s'exécuter et laisser passer ce curieux équipage à deux étages. Parfois ce sont les sacs de voyage ou les gros fagots de bois qui remplacent les bassines; les vendeuses sont alors si chargées que leur marchandise forme un toit d'ombre qui obscurcit la piste et cache le soleil. Heureux, enveloppés chaudement dans un pagne, sur le dos de leur maman, les enfants africains se laissent tous bercer par cette incessante mélodie du bruit.
Dans ce dédale cosmopolite saturé d'étalages et de commerçants braillards, l'inattendu nous attend au prochain carrefour: Illuminant l'espace de sa couleur rose