MONSIEUR DE SAINTE COLOMBE EST-IL JANSÉNISTE ?

Né en 1948, Pascal Quignard est un écrivain, philosophe et musicien du 20ème siècle. Auteur du Salon du Wurtemberg en 1986 ou encore des Escaliers de Chambord en 1989, cet écrivain touche à tout deviendra célèbre grâce à son œuvre Tous le matins du monde, parue en 1991 et adapté la même année au cinéma par Alain Corneau. Avec plus de 40 titres à son actif, tel que des Essais, des romans, des contes ou des œuvres autobiographiques, c’est dans son roman le plus célèbre qu’il mêle musique et peinture au modèle janséniste. Le jansénisme, tenant son nom de son fondateur Cornelius Jansen dis Jansénius, propose aux hommes une liberté de vie restreinte. Ce catholicisme pessimiste et sévère se développe au début du 17ème siècle et suggère une vie retirée du monde et de la société afin de se consacrer pleinement à la solitude, l’étude ainsi que la prière. Cette doctrine janséniste qui représente le leitmotiv de l’œuvre, nous amène a nous poser la question suivante : Monsieur de Ste Colombe, personnage principal du roman, n’est-il pas la représentation même du modèle janséniste ? C’est donc en ce sens que nous étudierons, dans un premier temps, comment Sainte Colombe s’apparente t-il à un adepte de ce modèle, puis dans un second temps, nous verrons de quelle manière il s’en détache.

I) MONSIEUR DE SAINTE COLOMBE, LE PERSONNAGE JANSÉNISTE.

Par définition, on sait que le jansénisme est une religion qui propose une vie de solitude, consacrée aux prières afin d’obtenir un jour la grâce Divine, comme le représente les « Messieurs » ou « Solitaires » de Port-Royal.
Dès le premier chapitre de l’œuvre, nous avons beaucoup d’indications sur le personnage principal qu’est Monsieur de Sainte Colombe : nous apprenons que sa femme est décédée « au printemps de 1650, Mme de Ste Colombe mourut », qu’il a deux petites filles « il vivait avec ses deux filles », qu’il donne des cours de viole « il enseignait la viole »… De même,