Le journalisme en perte d'autonomie
1767 mots
8 pages
Le journalisme en perte d’autonomie Dans les médias de Belgique et d’ailleurs, les actionnaires ou leurs mandataires exercent leur pouvoir sur les rédactions avec de moins en moins de retenue. Affaibli dans son rôle démocratique, le journaliste est réduit à sa seule valeur économique. Les pratiques journalistiques et le rôle de la presse s’en trouvent dangereusement altérés. Ils n’en mouraient pas tous, mais tous étaient frappés. Il ne s’agit pas, cette fois, des animaux malades de la peste mais des médias dont les rédactions éprouvent, comme rarement auparavant, l’effet des pressions économiques, dont la perte d’autonomie face à l’actionnaire n’est pas le moins inquiétant. Bien sûr, la presse belge a connu, ces dernières années, des décès retentissants parmi ses titres — les derniers frappant les quotidiens francophones de gauche — tandis que 1999 s’inscrivait comme une année noire pour les journalistes en Communauté française, avec la disparition de quelque 120 emplois |1|. Mais d’autres médias, dans le même temps, voyaient grimper leurs ventes et augmenter leurs effectifs, et des projets de presse se développaient favorablement. Aujourd’hui, aucune faillite ou restructuration douloureuse ne vient bousculer les rédactions. Des déménagements et/ou des réformes graphiques auraient dû doper les énergies. Pourtant, la morosité qui a gagné les journalistes, salariés ou indépendants, est patente. Les serrages de vis dans les budgets expliquent pour une bonne part la dégradation morale du secteur. Au printemps dernier, Le Soir chiffrait à 750 000 euros les économies à réaliser via des réductions de pages et moins de recours aux collaborateurs extérieurs. À l’agence Belga, les négociations s’éternisent pour la conclusion d’une convention barémique. La Libre Belgique a semé l’émoi parmi ses journalistes en reprenant davantage de papiers à La Dernière Heure, et elle a réduit de moitié la rémunération qu’elle verse à leurs auteurs indépendants. Sud Presse (La