Le journaliste
Résumé:
Au début du XIXème siècle, les journalistes - rédacteurs de quotidiens et au quotidien – se définissent comme des littérateurs. Dès les années 1830, beaucoup sont toutefois accusés de participer à l’élaboration d’une littérature industrielle alors qu’à partir des années 1880 (au plus tard) les tenants d’un «nouveau journalisme » valorisent les aspects techniques d’un métier en voie de professionnalisation. Quelles sont les causes matérielles et intellectuelles qui expliquent ce glissement de l’art d’écrire des commentaires au métier d’informer? Quels sont les enjeux de pouvoir au sein de la profession, notamment entre la Province et Paris ? Enfin, quels sont les effets concrets sur les pratiques de l’écriture au quotidien de cette autonomisation du champ journalistique par rapport au domaine littéraire (avec lequel il poursuit toutefois des échanges féconds). Cette écriture a dû s’adapter (soit plaire) à un lectorat lui-même massifié .
1. Artistes et mercantis Cet article s’appuie sur deux études récentes dont l’une est à paraître. Il propose toutefois, de façon spécifique, une approche évolutive du «métier» de journaliste dans la presse quotidienne. La réflexion s’appuie sur les discours des contemporains qu’elle confronte aux «pratiques» des milieux journalistiques. Les profondes mutations, notamment techniques, qui marquent le monde de la presse au cours de la période évoquée jouent en effet un rôle majeur dans la définition du métier «d’écrire au quotidien», en voie de professionnalisation, et dans la construction identitaire de ceux qui l’exercent.
Avec la tribune des Chambres et celle du barreau, les salles de rédactions constituent l’un des trois «lieux de parole» du régime parlementaire. «Rédacteurs» ou «gens de lettres», selon la terminologie qui désigne le plus souvent les «journalistes» avant 1830, ont la mission de rendre public les débats de la