Le laboureur et ses enfants commentaire
Introduction
La Fontaine le dit et le répète à l’envi : Les Fables ne sont pas ce qu’elles semblent être.
Cette idée est également mise en évidence par Quintilien dans son Institution Oratoire dans laquelle il affirme que la fable n’a « rien de commun avec la vérité, ni pour le fond ni pour la forme ».
Ainsi pouvons-nous dire que le caractère mensonger de la fable est non seulement présent, mais qu’il participe en fait pleinement de l’esthétique du genre.
C’est qu’elles cachent, travestissent, simulent et dissimulent à la fois.
Or, si les fables de La Fontaine affichent leur sens caché au moment de la morale, elles ne laisseraient alors a priori, plus rien à interpréter.
Nous allons cependant tenter de démonter le mécanisme, l’architecture secrète et ainsi essayer de relever le défi exégétique que lance la fable que nous avons choisi : Le Laboureur et ses enfants.
En premier lieu, nous nous proposons donc d’aborder la pseudosémie du texte, consistant à penser que le trésor recherché par les enfants est de l’argent ; puis nous travaillerons sur l’orthosémie révélée par la morale, à savoir que le travail est un trésor ; enfin nous nous proposerons de lancer plusieurs pistes interprétatives relevant de la cryptosémie.
Lecture
Travaillez, prenez de la peine :
C’est le fonds qui manque le moins.
Un riche Laboureur, sentant sa mort prochaine,
Fit venir ses enfants, leur parla sans témoins.
Gardez-vous, leur dit-il, de vendre l’héritage
Que nous ont laissé nos parents.
Un trésor est caché dedans.
Je ne sais pas l’endroit ; mais un peu de courage
Vous le fera trouver, vous en viendrez à bout.
Remuez votre champ dès qu’on aura fait l’Oût.
Creusez, fouiller, bêchez ; ne laissez nulle place
Où la main ne passe et repasse.
Le père mort, les fils vous retournent le champ
Deçà, delà, partout ; si bien qu’au bout de l’an
Il en rapporta davantage.