Le lac Lamartine
Ce poème résume si bien le rapport solide qui relie le souvenir au sentiment de nostalgie et qui est du à la fuite du temps.
En effet ce poème s’ouvre sur un long soupir qui se traduit par cette expression « Ainsi » : un gémissement de douleur et de lassitude devant la cruauté d’un temps qui s’écoule incessamment et qui enfonce l’existence humaine dans la futilité et la vanité. Cette situation misérable de l’homme est mise en valeur par la forme passive de la phrase (vers 1, 2, 3et 4). En effet cette passivité reflète celle de l’homme impuissant et démuni devant le pouvoir absolu d’un temps tyrannique. La métaphore qui assimile l'homme à un navigateur sans défense sur l'océan des âges renforce les émois de Lamartine qui plonge dans un désarroi pessimiste.
L’écoulement du temps détermine le sens de la vie en transformant le temps présent en passé et en altérant les moments de bonheur en un simple souvenir. Cette souffrance du poète se fait ressentir grâce à cette interjection « O lac ! » justement, Lamartine retourne au lac : miroir du bouillonnement intérieur du poète et confident dévoué pour se rappeler le bonheur des instants amoureux. Le retour sur les lieux des premiers amours est de nature à restituer le souvenir des merveilleux moments comme à faire jaillir des regrets et des remords. Le lac, personnifié, est ainsi doté d'âme, d'émotions" tu mugissais", d'un passé (emploi de l'imparfait) et d'une mémoire révélatrice.
Seule la bien aimée compatit à cet abattement du poète et comme elle éprouve comme lui cette mélancolie elle implore le temps _ ennemi commun des amoureux_ de suspendre son vol. L'envie d'éterniser les instants de bonheur et d'amour est si criante. Cependant, tous ces appels passent inaperçus pour un temps qui se plait à torturer les hommes.
Alors Lamartine s'incline devant la faiblesse de la condition humaine et se réfugie chez une nature éternelle
"que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir",