Le langage dans jacques le fataliste et son maître de denis diderot.
La chronologie interne de l'œuvre se ressent de sa composition par strates successives. Il ne faut pas voir, dans cette chronologie fantaisiste, la simple désinvolture d'un auteur peu préoccupé de vraisemblance historique, mais y lire plutôt les anachronismes délibérés d'un texte qui s'emploie à brouiller tous les repères temporels et spatiaux auxquels son lecteur pourrait se rapprocher.
La progression de Jacques le Fataliste s'effectue selon le parti pris de la rupture systématique. On a ainsi dénombré cent quatre vingt cassures pour vingt-et-unes histoires différentes.
Les interventions incessantes d'un troisième « personnage », qui figure un auteur-narrateur venant parasiter en permanence son propre roman, constituent l'un des principaux facteurs de discontinuité du roman. Interpellé par cette voix exaspérante, le lecteur se voit sans cesse contraint de s'extraire de l'univers de la fiction, pour passer sur un autre plan et participer avec l'« auteur » à l'examen critique des procédés romanesques.
La composition de Jacques le Fataliste s'organise autour de l'alternance de deux dialogues parallèles. Le premier oppose Jacques et son maître, auxquels viennent parfois s'agréger les voix des personnages qu'ils croisent sur leur chemin. Le second fait converser l'auteur-narrateur avec son lecteur. Les interventions de l'auteur-narrateur servent ainsi de médiation entre les personnages et le lecteur. Elles exhortent continuellement ce dernier à participer au dialogue, et lui interdisent de se cantonner dans une position de spectateur extérieur et passif.
L'histoire de Madame de La Pommeraye et du marquis des Arcis constitue, au centre de Jacques le Fataliste, une véritable nouvelle, un ensemble homogène dont on a souvent souligné qu'il entretenait avec le reste du roman des liens beaucoup plus lâches que la plupart des autres récits imbriqués.
La critique ironique du roman qui