Le langage est-il la clef des relations sociales ?
On peut supposer qu'aujourd'hui, il est inutile de défendre l'idée selon laquelle un législatif/exécutif dont les intérêts ne seraient pas identifiés à ceux du peuple n'est pas autorisé à lui prescrire des opinions ni à déterminer pour lui les doctrine et arguments à entendre.
Supposons donc que le gouvernement et le peuple ne fasse qu'un et que ce premier ne songe jamais à exercer aucun pouvoir de coercition, sauf s'il le fait en accord avec la voix du peuple. Pour Mill, le peuple n'a pas le droit d'exercer une telle coercition (par lui-même ou par l'intermédiaire du gouvernement) car ce pouvoir est illégitime : Un tel pouvoir est aussi nuisible lorsqu'il s'exerce en accord avec l'opinion publique qu'en opposition avec elle.
Ce qu'il y a de néfaste à imposer le silence à l'expression d'une opinion, c'est que c'est comme voler l'humanité :
- Si l'opinion est juste, on prive les hommes de l'occasion d'échanger l'erreur pour la vérité.
- Si elle est fausse, ils perdent un bénéfice presque aussi important : Une perception plus claire et une impression plus vive de la vérité que produit sa confrontation avec l'erreur.
Il est possible que l'opinion qu'on cherche à supprimer soit vraie, même si ceux qui veulent la supprimer en contestent la vérité. Mais il n'est pas en leur pouvoir de trancher la question pour l'humanité entière: Refuser d'entendre une opinion parce qu'ils sont sûrs de sa fausseté, c'est présumer que leur certitude est la certitude absolue.
Tout le monde se sait faillible, mais peu de personnes jugent essentiel de se prémunir contre cette faillibilité :
- Les princes absolus éprouvent généralement une entière confiance en leurs propres opinions sur quasi tous les sujets.
- Les hommes bien placés qui voient parfois leurs opinions disputées (qui ont l'habitude d'être corrigés quand ils ont tort) n'accordent cette confiance illimitée qu'aux opinions qu'ils partagent avec leur