Le loup et l'agneau
Fables, La Fontaine rappelle le principe qui inspire les fables et surtout les siennes : « Tout parle en mon ouvrage […] Je me sers d’Animaux pour instruire les hommes. » La réussite des fables de La Fontaine tient à ce que ses animaux sont humanisés, mais cette métamorphose s’inscrit toujours dans la logique de leur nature, de leur physique, de leur comportement animal, ce qui rend encore plus convaincant le passage du récit à la leçon morale qu’on peut en tirer.
1. Des animaux ?
• Le cadre naturel
Dans la fable, les deux animaux sont d’abord présentés dans leur milieu naturel (« dans le courant d’une onde pure »), plus suggéré que décrit par des détails pittoresques : La Fontaine utilise des termes d’une grande simplicité et aux sonorités pleines de douceur, de fluidité. Le décor est réduit au minimum : à la fin de la fable, il est seulement fait mention du « bois » où le Loup entraîne l’Agneau pour le tuer et qui pourrait figurer la coulisse où, loin du regard des spectateurs et par souci des bienséances, s’accomplissent les actions sanglantes dans les tragédies classiques.
• La réalité animale
Seule la majuscule à leur nom les caractérise et les distingue, leur donne un statut particulier dans leur espèce. La réalité animale de chacun des deux protagonistes est rappelée par des traits peu nombreux mais qui vont à l’essentiel : ici non plus, pas de description, mais le Loup est une bête
« cruelle », poussée par « la faim », l’Agneau « tète » sa mère et vit au milieu des « chiens » et des « bergers ».
2. Des hommes ?
Ce sont ces quelques caractéristiques animales qui servent à La Fontaine d’armature en quelque sorte pour développer, par les propos que tient chacun, un caractère propre correspondant à leur apparence et à leur comportement. • Le caractère du Loup
Ce sont leurs paroles qui peignent chacun en profondeur et nous y adhérons d’autant mieux qu’elles