LE MALADE IMAGINAIRE

Mise en scène de Philippe Faure

Pièce écrite fin1672, et travaillée et représentée début 73, parmi les plus connues de Molière, pas nécessairement pour l’intrigue ou même le thème qui y est traité, mais parce qu’elle est la dernière œuvre, celle qui marque la fin du parcours du dramaturge, ironiquement rattrapé par son sujet et par le personnage qu’il interprétait alors. Molière meurt en effet au soir de la 4è représentation , à sa sortie de scène, crachant son sang, victime du dérèglement pulmonaire dont il était affecté depuis plusieurs années. C’est cette spectaculaire irruption de la vie sur une scène de théâtre qui a marqué les esprits et fait de cette pièce une oeuvre emblématique.

La pièce est écrite à un moment difficile de l’existence de Molière. Au-delà de ses problèmes de santé, une série de drames personnels est venue endeuiller son quotidien, dont le plus affligeant est la mort du fils qu’il vient d’avoir avec Armande Béjart, son seul héritier mâle, né en septembre et décédé en octobre. Très atteint par ce deuil, il n’est pas étonnant qu’il ait été tenté de relancer sa satire de la médecine, qui n’a su empêcher cette mort cruelle. De plus, le choix du thème du malade nombriliste et crédule, tué à petit feu par ses médecins, représente probablement pour lui une contre-attaque à une comédie-pamphlet malveillante le mettant en scène, publiée sous pseudonyme 2 ans auparavant, où il était critiqué non seulement en tant qu’auteur, mais aussi d’homme privé et de comédien-directeur de troupe. Ce texte, Elomire hypocondre, qui témoigne de la virulence des réactions que son théâtre suscitait à l’époque, lui offrait une occasion de plus de régler, par une réponse dramaturgique, ses comptes avec la corporation des médecins, en qui il ne voyait que des charlatans imbus d’eux-mêmes et détenteurs d’un savoir frelaté – à juste titre d’ailleurs, si on examine les documents qui nous sont parvenus sur les diagnostiques pratiqués