Le marché du travail
Apparu au xiie siècle, selon Alain Rey1, le mot « travail » est un déverbal de « travailler », issu du latin populaire « tripaliare », signifiant « tourmenter, torturer avec le trepalium ». Au xiie siècle, le mot désigne aussi un tourment (psychologique) ou une souffrance physique (le travail d'accouchement).
Autre hypothèse avancée pour expliquer l'évolution du mot travail vers son sens moderne :
Le monachisme et le christianisme, très influents au haut Moyen Âge, auraient grandement participé à diffuser une représentation du travail actif, vu cependant comme une conséquence du péché originel. Ainsi les règles édictées par saint Benoît destinées à régler la vie des moines bénédictins. Elles reposent sur trois activités - piliers, dont une activité manuelle effectuée en commun.
Cette activité - dénommée travail - est destinée à la fois à œuvrer pour permettre la subsistance de la communauté, pour développer le bien commun (par exemple : réaliser des défrichages), mais aussi pour expier le péché originel. L'expression « un travail de bénédictin » passée dans le vocabulaire commun avec la signification d'un « Produit résultant d'un labeur considérable » confirme l'idée que cette innovation monastique a pu contribuer à forger et diffuser un sens nouveau au mot travail.
À partir du xve siècle, xvie siècle, selon Georges LEFRANC2:
Le mot commence à prendre l'acception que nous lui connaissons aujourd'hui (sens d'une activité productive).
Les représentations marquent davantage la distinction entre « le Labor » (travail châtiment, peine au travail, conséquence du péché) et « l'Opus » (travail création, activité naturelle).
Ainsi, « Au porche nord de la cathédrale de Chartres, six jeunes femmes,